Une histoire de la donnée

La donnée : des babyloniens à nos jours

Les données sont analysées depuis longtemps, regardons les moyens techniques utilisés au fil des siècles.

Des premières cartes réalisées par les babyloniens sur des tablettes argiles (Vème siècle avant J-C) à la production de données de différentes natures (recensement, registres du commerce, plans…), cette fois-ci sur papier, le besoin de garder trace d’une activité ou d’un lien a toujours été présent.

Avec la naissance de l’informatique à la sortie de la seconde guerre, ses performances dans la manipulation des données ont permis d’aborder des problématiques que le cerveau humain n’était pas capable d’appréhender jusqu’alors.

Les outils de simulation numérique et les algorithmes ont alors pu nous faire passer de l’analyse de l’historique à la projection vers des futurs possibles.

Depuis la fin des années 2000, l’émergence de l’intelligence artificielle associée à la notion de Big Data (traitement de volumes massifs de données) et au déploiement d’objets connectés (capteurs, téléphonie mobile) offrent de nouvelles perspectives à l’exploitation des données.

Cette accélération exponentielle de la production de données et des outils d’exploitation est une raison supplémentaire de garder une maîtrise de ces flux d’informations, d’autant plus dans le cadre de stratégies territoriales. Il est aujourd’hui nécessaire de les approcher avec une gouvernance assurant leur bonne utilisation, notamment d’un point de vue éthique, juridique et surtout tournée vers l’intérêt général.

Voici deux exemples particulièrement marquants sur l’utilisation des données au service des territoires.

L’épidémie de choléra à Londres au XIXème siècle

Le premier concerne la compréhension de la diffusion du choléra dans le Londres du XIXème siècle et fait écho avec notre actualité.

Il est relaté par Guillaume Sciaux, cartographe indépendant :

“En pleine épidémie de choléra, un médecin anglais, John Snow, fit faire un pas de géant à la médecine de l’époque en remettant en cause les théories des humeurs et des miasmes alors très en vogue à l’époque. Il émet l’hypothèse que les maladies pourraient se transmettre par l’ingestion d’un poison dont le vecteur serait l’eau. Il a l’idée révolutionnaire de mettre en place une analyse statistique cartographique.

carte de John snow cholera
Carte de John Snow, épidémie de choléra de Londres,1854

Il note alors le lieu de résidence et de travail des 578 victimes du quartier de Soho en plaçant des pointeurs sur une carte (les petites barres noires sur l’extrait de carte ci-dessus). Ensuite, en étudiant cette première cartographie épidémiologique de l’histoire, il s’aperçoit que le nombre de décès augmente significativement à l’approche de la pompe à eau publique située à Broad street. Il identifie ainsi la source de la contamination.

Cette technique de cartographie statistique est toujours utilisée pour identifier l’origine des foyers épidémiologiques comme ceux qui ravagent régulièrement Haïti (choléra) ou l’Afrique de l’ouest (Ebola).”

Les données dans le développement urbain de Paris

Le deuxième exemple concerne la compréhension de l’évolution du territoire, en l’occurrence Paris et son développement urbain au fil des siècles.

Etienne Côme, chercheur de l’IFSTTAR a construit un outil interactif permettant de présenter les bâtiments parisiens construits au fil des époques, démarrant avant 1800 et allant jusqu’à aujourd’hui. Les premières données sont issues d’une numérisation des cartes produites avant l’arrivée du numérique ; les données plus récentes proviennent de la saisie régulière de l’information bâtimentaire parisienne, notamment par l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme).

Carte de l’âge des bâtiments de Paris